Dans mes jeunes années, parmi les bonnes résolutions de l’année, j’avais décidé d’aller à la salle de sport !

En transposant le mot sport par sa signification en vieux français desport, je devrais écrire « d’aller à la salle de loisirs, de plaisir physique et d’esprit.

J’ai trouvé dans cette salle des machines, de la musique techno à fond, un fond d’air sentant la vieille transpiration, et des gens autour de moi complètement centrés sur leur personne. Pas très envie de soulever ces haltères, ni de m’installer à l’un de ces instruments de torture faits de métal froid. Pas de plaisir physique ni d’esprit pour moi. Le commercial m’avait promis un accompagnement, un coach, un programme… Je n’avais eu qu’un rendez-vous d’une heure et un bout de papier avec des consignes sans saveur : boire beaucoup d’eau, manger des protéines et des carbs – il fallait comprendre glucides – à chaque repas, faire 10 fois la machine n° 3, puis 15 fois la machine n°12… Au bout de 3 semaines, je n’y allais plus. Ce n’était pas vraiment la manière dont je me représentais le sport.

D’un point de vue moderne, et selon le Conseil de l’Europe, le sport est conceptualisé comme « toutes formes d’activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l’obtention de résultats en compétition de tous niveaux ».

De ce point de vue, l’aikiryu pourrait être un sport, bien que du point de vue du Budo, il s’agisse plutôt d’une manière de se perfectionner soi-même. Sport ou Budo, je n’ai pas complètement tranché.

Ce qui me frappe et que je veux partager, c’est le mot « résolution » de l’année.

La tradition de demander quelle sera notre « bonne » résolution de l’année ne date pas d’hier ! Les Babyloniens, 4000 ans avant J.C., durant 11 jours après le solstice de printemps, multipliaient des promesses de bonnes actions auprès des divinités. En échange, les dieux étaient censés leur apporter protection. Plus tard, chez les Romains, c’est le dieu Janus (à l’origine du mot janvier) qui a la capacité de voir le passé, le présent et le futur, qui recevait ces promesses. Les Chrétiens ont balayé le culte de Janus par une version nouvelle autour de Jésus. Les prêtres, au mois de janvier, invitaient chaque paroissien à prier et devenir de meilleurs chrétiens, et la résolution avait alors le sens de celui de s’engager un peu plus au sein de sa paroisse et dans sa foi. Plus tard, sous la Révolution, le mot résolution aura une connotation étatique, assimilant l’acceptation d’une proposition de loi à l’Assemblée.

Ainsi, aujourd’hui, la résolution de l’année se conçoit à la fois comme une promesse à soi et aux autres, une acceptation à suivre une décision, et la foi en ce qu’elle pourrait bien avoir des bienfaits si elle est bien suivie, relevant ainsi la notion que la résolution est « bonne » pour soi. Pourtant, arrêter de fumer, boire un litre d’eau chaque jour, manger des fruits et légumes chaque jour… la résolution a plus le sens de pacte avec soi-même que ce qu’il signifie étymologiquement.

Du latin re solutio, la résolution exprime au départ la notion de relâchement, de desserrement ou de dénouement. Le conflit naît de la situation où des exigences contraires ou opposées se rencontrent. Là où il y a nœud, ou conflit, la résolution passe par le relâchement des tensions. Vous pensez peut-être alors à la chaîne en or toute emmêlée, où en tirant encore plus dessus, en vous énervant le plus souvent, vous risquez de la briser, alors qu’il suffit simplement avec un peu d’huile d’olive ou du talc de faire glisser les anneaux les uns aux autres pour relâcher les tensions et la démêler !

La métaphore est parfaite pour le point de vue martial de l’aikiryu : deux personnes sont en conflit dès lors qu’elles bougent chacune à leurs façons, et qu’elles n’arrivent pas à s’accorder par exemple. En continuant chacun son chemin, les personnes forcent, buttent et luttent, se frottent, que ce soit les esprits ou les corps, et ça coince ! Si chacun relâche un peu de ce qu’il est ou veut faire, alors des espaces vides se créent, où chacun peut entrer ensemble et librement, en harmonie, et trouver un chemin agréable et un terrain d’entente acceptable et respectant chacun.

Les Kanjis AI KI RYU veulent littéralement dire Amour ou Harmonie (au sens humaniste) Energie Transformation, c’est-à-dire la voie, l’étude des pratiques qui permettent de transformer la rencontre d’énergies en conflit vers l’harmonie de celles-ci. Dit plus simplement, de répondre à la question : lorsque des personnes sont en conflit, comment peut-on permettre à ces personnes de trouver un terrain d’entente qui agrée chaque partie. Comment transformer le conflit en relation agréée, et donc, trouver des moyens agréables de gérer le conflit ?

Le travail d’harmonisation, de transformation, est d’abord une action sur soi pour résoudre le conflit.

L’aïkiryu propose d’agir sur soi, en soi, pour soi, et cette action interne a pour conséquence quasi-magique la résolution de ses conflits internes (physiques, mentaux…) mais aussi celle des conflits avec les autres. Mais ceci n’est que la partie intellectuelle de l’aïkiryu, beaucoup facile et rapide à comprendre que sa partie physique, pour ne pas dire viscérale, qu’il faut vivre pour l’assimiler et la digérer.

Sous l’angle didactique, la résolution est comprise comme la transformation physique d’une substance qui se résout (comme de l’eau en vapeur). En utilisant là-encore cette dernière signification, on pourrait confondre l’aïkiryu et la résolution au sens où il s’agit d’un travail de transformation d’état des matières, nos corps, dans le but unique de trouver une harmonie agréable avec son environnement. Cependant, cette harmonie doit être pérenne. Il s’agit de revenir à un état normal, au sens originel presque. L’objectif est bien de trouver une paix stable avec l’autre et avec soi.

L’aïkiryu propose cela. A travers des techniques martiales, nous tentons de nous trouver, de re-trouver son corps, de re-trouver qui nous sommes, de nous con-naître, ensemble. Mais ceci est un autre sujet…

La bonne nouvelle : l’aikiryu vous offre la réponse à plusieurs résolutions !

Je me suis amusé à partir des exemples de résolutions pour 2022 sur le site texte-de-voeux.fr, à en reprendre quelques-unes que j’ai pu observer sur moi ou sur d’autres pratiquants d’aikiryu :

  • Faire du sport

Même si ce n’est peut-être pas un sport, l’aikiryu propose une activité corporelle ou physique à toutes et à tous qui, à travers une participation organisée, a pour objectif l’expression de la condition physique et psychique et le développement des relations sociales, et ce sans aucune compétition

  • Apprendre quelque chose de nouveau

L’art martial aikiryu permet de découvrir une facette de l’histoire du Japon, par le prisme du budo, notamment tout ce qui concerne l’étiquette martiale dont les règles de courtoisie japonaise moderne sont encore emprunts.

  • Se trouver une nouvelle passion, lire et se faire de nouveaux amis

L’aikiryu devient vite passionnant. Très souvent on observe les pratiquants regarder des vidéos, échanger avec passion de leurs découvertes et de leurs difficultés, s’ouvrir aux autres, lire des livres sur le sujet ou des sujets connexes, s’entraîner dans des parcs ensemble…

  • Avoir une hygiène de vie plus saine, stopper une mauvaise habitude

Avec le temps, le rapport à la nourriture, au tabac, à l’alcool se modifie peu à peu. Moins de viande, mais de meilleure qualité, produits bio, arrêt du tabac pour quelques-uns… Cela prend des années pour certains, quelques semaines pour d’autres. Le sommeil est souvent retrouvé et de meilleure qualité.

  • Dépenser moins d’argent

Oui, vous pouvez avoir une activité physique avec quasi aucune dépense, comme la course à pied, ou dépense des fortunes dans une abonnement annuel à une salle de sport et ne profiter que du tapis de course. Vous pouvez aussi pratiquer l’aikiryu pour un budget annuel de 200 euros environ, avec un investissement de quelques dizaines d’euros pour votre tenue.

  • Arrêter d’être toujours en retard

Un cours d’art martial commence et finit à l’heure, toujours. Si bien qu’avec le temps, on apprend un peu plus la ponctualité, valeur essentielle au Japon. Un Japonais se présentera toujours à l’heure exacte qu’on lui a donné. Un Aikiryuka aussi.

  • Limitez l’ordinateur et le TV

Evidemment, le temps passé à venir au dojo, et à pratiquer, sont autant moins d’heures passées devant la télé et l’ordinateur !

Ces quelques lignes vous aideront peut-être à prendre une bonne résolution. Pour nous, c’est évident, il s’agit de continuer à pratiquer l’aikiryu, avec vous.

Bonne année 2022

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